Village Aït-Saïd
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Hommage à AZOUAOU AHMED, Hadj MOKRANE ATH OUGAOUA


Sa vie

Il est né le 3 juillet 1913 à Ait Saïd (douar Ath idjeur)
Fils de Arezki ben Mohand et de BOUBAKOUR Fatma bent Boudjemaa
Il est père de 7 enfants (4 garçons et 3 filles), marié à SADAOUI Djedjiga bent Arab ATH ALIOUSSAID, elle-même l’ainée de 9 enfants
Il est le seul garçon (male) de l’hara Ath ougawa, vivant en communauté avec les familles de son oncle Hadj IDIR (QDASA) et de son cousin Mohand Ameziane.
Toute l’attention sera portée sur lui, notamment par son oncle.
Volontaire à souhait, il était toujours disponible pour les travaux des champs, de construction, et d’alimentation de Tahouna à Ibouyousfène (moulin à blé) en mazout à dos de mulet à partir d’Azazga.
Pour l’anecdote ; il ne montait jamais une bête chargée

 

Son cursus scolaire

Il fit ses études à l’école de Tslatha, distante du village de quelques 3 kilomètres qu’il parcourait à pieds tous les jours, et en toutes saisons.
Il obtient avec brio le certificat d’études primaires élémentaires à Larbaa N’ait Irathen (Fort National) le centre de l’examen, en compagnie de Si Mohand Oulhadj (colonel AKLI Mohand Oulhadj) et de Saïd Ath Kejou.
Après son certificat d’études, son père voulait lui acheter un troupeau de chèvres et des brebis, et d’en faire un fellah.

Son oncle Hadj IDIR jura d’en faire un lettré (aalem). Il décida contre l’avis de son père de lui octroyer une bourse d’études au collège des cours complémentaires de Tizi-Ouzou.

De ses études à Tizi-Ouzou, il obtient coup sur coup le brevet d’enseignement primaire supérieur en 1932, puis le brevet élémentaire en 1933
A Tizi-Ouzou, il a partagé, pendant 3 ans, la chambre d’internat avec le futur et célèbre écrivain Mouloud FERRAOUN.

Par ailleurs, avant de bénéficier de la chambre d’internat, et pendant 4 mois, il rentrait chaque jour au village.

Il faisait tous les jours Assif- Ousserdoune – Tizi-Ouzou et retour à vélo. (Vélo de course) La route goudronnée s’arrêtant à cette époque à Assif Ousserdoune
Il laissait son vélo à Assif Ousserdoune dans un garage d’un ami à son oncle, pour continuer ensuite jusqu’au village à pieds, passer la nuit et retourner le lendemain

(Sacrée volonté, courage et vaillance)

Par la suite son oncle l’emmena à Sétif, ou il l’inscrit au collège colonial (futur lycée Albertini, puis Kérouani)

Son parcours militaire

Il est incorporé au service militaire du 23 octobre 1934 jusqu’ ‘au 16 octobre 1935, ou il obtient le grade de caporal de 2 classe. Il fit son service respectivement à Blida puis à Médéa, avec le 1 régiment de tirailleurs Algériens. Au déclenchement de la seconde guerre mondiale, il est rappelé dans les services axillaires de l’armée du 29 septembre 1939 au 28 Aout 1940

cursus Professionnel

Après son mariage, il dut entrer de plein pied dans la vie active, pour aider sa famille vivant en communauté
Il se rend en France en 1936, ou il débute comme facteur aux PTT de Paris, dont il connaissait les rues par cœur. Condition sine qua none pour y être recruté

Les poussières des sacs de courrier lui étant nocives, il quitte la poste pour les chemins de fer français (SNCF), ou il fit ses débuts en 1937, à la naissance de son premier enfant (Mohand Arezki) décédé par la suite.

Travailleur acharné, il voulait faire carrière dans la société.
Mais des ennuis de santé l’obligent à demander une mutation en Algérie.
Un échange de courrier dans la revue de l’entreprise « la vie du rail », lui a permis de dénicher un collègue voulant réintégrer la métropole et permutation se fit
Il est affecté au dépôt de Perrégaux (actuellement Mohammedia) dans l’oranie, ou, il resta jusqu’à 1940
Il est muté par la suite à Alger en 1942, puis il sera nommé à Sétif et en rester jusqu’ en 1963
En dépit de ses compétences avérées, il ne progressa guère durant sa carrière (les français ne gobant pas les indigènes) jusqu’à sa mutation en octobre 1963 vers la direction générale des chemins de fer Algériens, ou, il exerça jusqu’à Aout 1968
Il fut admis à la retraite avec le grade de chef du bureau de 1 classe, échelle 16 (classé au rang de cadre supérieur)
Sa modestie le conduit à refuser une promotion alléchante
Le directeur général lui avait proposé un poste supérieur occupé par son responsable hiérarchique M. Louis CHABRIER, moyennant le limogeage de ce dernier.
La réponse sèche fuse « CHABRIER est plus Algérien que moi et beaucoup d’autres, vu les services qu’il a rendu à la SNCFA. (Société nationale des chemins de fer algériens)
Si vous le démettez, faites en de même avec moi, et fermer le service
Un autre n’aurait pas raté l’occasion d’accéder au poste.
A la retraite le directeur général le nomme chef de bureau honoraire, pour les services rendus à la société nationale des chemins de fer algériens

De sa vie

Musulman résolu. Dès son jeune âge, il vouait à son culte une large disponibilité
Un fait marquant mérite d’être rappelé.
Du temps où il exerçait à Montargis en France, il ne ratait en aucune manière la prière du vendredi à la grande mosquée de Paris. Ville distante de 160 km, qu’il faisait chaque semaine sans avoir même à boire l’eau de cette dernière (Paris)
Il accomplit son pèlerinage en février 1971 en compagnie de hadj Ali MOKHTARI (Ali Oulmokhstar)
Il reflète le parfait musulman mesurant ses paroles, n’écoutant que sa conscience, et ne s’occupant de rien de ce que disent les gens autour de lui.

Sa loyauté et sa modestie n’ont pas d’égal

C’était une encyclopédie vivante, dotée d’une mémoire d’éléphant, Il s’intéressait notamment à
-la politique étrangère notamment
-les sports, en particulier la boxe, le tour de France cycliste et le football. Il ne ratait point les grandes confrontations, même si elles se déroulent durant des heures tardives.

C’était un marcheur invétéré, car il effectuait souvent le trajet Ighzer Amokrane –Aït-Saïd et retour à pied, à travers le mont « Chréa » et cela une bonne partie de sa vie.la dernière le fut en 1968 à l’âge de 55 ans
Il était infatigable, toujours prêt à rendre service, pourvu qu’on le lui demande.
Il a toujours fait passer les intérêts des autres, avant les siens.il se privait pour venir en aide aux n nécessiteux
Il jouit à Sétif et à Alger notamment, d’une grande notoriété de la part de tous ses voisins et ses collègues de travail
Par ses actes de bravoure et de bon musulman, tous les gens à Sétif nous vouent à ce jour un grand respect, et c’est la le meilleur investissement

Il décéda malheureusement un certain samedi 17 avril 1993 à l’hôpital de Mustapha à Alger des suites d’une réplique d’un infarctus du myocarde à l’âge de 80 ans
Il est enterré le 19 avril 1993 à Ait Saïd, comme il a tenu à le faire savoir à sa manière en disant ceci :
« J’ai rêvé avoir dit à un Sétifien : je jure par dieu que je n’échangerai pas un gravillon de mon village contre tout Sétif. » Ceci veut tout dire
Que son âme repose en paix auprès de ses parents, sur le monticule d’ahmam Taourirt, ou sont également enterrés ses parents, proches et amis qu’il a cotoyé durant sa vie

Rédigé par Sadaoui Smaïl

 

 

Les Œuvres d'une vie d'un ... Homme,

 

SADAOUI Arab fils de Améziane Ben Arezki, ben Kaci, ben Hadj Est né en 1887, au village Ait Saïd Il est l’ainé de ses frères et sœur Amar, Hend, Fadhma, Mohand-ameziane, Tahar (ses demi-fr ères)

Arab était un prénom à la vogue à sa naissance Depuis l’occupation française de 1830, les Algériens pour ressouder leur unité face à l’envahisseur français, se sont entendus pour que les Arabes donnent à leurs enfants le prénom de Zouaoui qui signifie le Kabyle, et les Kabyles attribuaient le prénom Arab

Son père Améziane de situation modeste arrive à donner à ses enfants une instruction à l’école d’Ait-Ikhlef qui venait d’ouvrir dans le douar.

Arab Ath-Ali ou saïd

 

Très vite ARAB se manifeste par une intelligence aigue Il aida très tôt son père dans les travaux des champs.

Son père n’ayant que quelques parcelles de terre ; et les travaux des champs sont vite achèves
La vie étant dure dans les rudes montagnes, les récoltes des champs et oliveraie, n’assurent guère la subsistance de la famille

Améziane avait également à sa charge la famille de son frère Moussa décédé jeune et laissant 4 orphelins.

Les temps difficiles, Ameziane passe son temps à tresser des cordages de halfa (herbe drue) qu’il revend au souk de « thlata » afin d’assurer un complément de revenu nécessaire aux besoins des siens.

Le jeune Arab s’efforce de faciliter la tache à son père en confectionnant des roues de bois qui servaient à tirer et enrouler les cordages

Déjà à son âge précoce, il confectionna des attelages de charrue en bois
Ses oncles et ses proches s’apercevant de ses merveilles le sollicitent pour toutes productions d’outillages nécessaire aux travaux ; et les aider aussi à des taches nécessitant imagination

Son cousin Akli (frère de hadj Idir oumoussa), vivant en commun dans la même maison ; le prend avec lui à Sétif ; et jure d’en faire un érudit.

 ait saidVues de Sétif à son arrivée

 

 

 

 

 

 

 

La ville est ceinturée d’une muraille
Après 17 heures, les portent de la ville sont fermées et les nons résidants quittaient la ville

  

ait said

Les études à Sétif pour les musulmans sont dures, difficiles et compliquées pour les indigènes de l’époque.
Il arriva quand même à être inscrit au centre de formation professionnelle après avoir passer un examen d’entrée.

ait said
Le collège et centre de formation professionnelle de Sétif à l’époque

 

Il faut dire qu’il avait une bonne base en français (fin du cycle primaire de l’école d’ait Ikhlef), support s’avérant indispensable à la réussite de son concours.

Après 3 ans d’études, il est sort diplômé en construction métallique et mécanique.

La vie n’a pas été du tout facile pour lui avant sa consécration ; car son soutient le cousin Akli était décédé moins d’un an après son arrivée à Sétif
Il lui fallut se débrouiller seul pour survivre. En plus de ses études, il faisait de petits boulots, qui lui permettaient de tenir.
Pour l’hébergement, il passait ses nuits à même le sol sur des nattes de halfa ( agherthil) dans le café des Ath oudjeoud
(Le cafetier est originaire de la même région que lui)
Dans le temps, les cafés algériens n’avaient pas de chaises ; ils se contentaient de nattes de halfa, s’essayaient à même le sol pour prendre le café

ait said


Lieu de rassemblement chaque soir des gens des Ath idjeur, qui à l’époque étaient nombreux.
Ils s’enquêtaient des nouvelles de leurs familles auprès des arrivants ; et ou remettaient des mandats aux partants

ait said

Les ateliers du centre de formation professionnelle

 

Ses études terminées, le pont suspendu de Constantine étant en construction ; il est orienté vers cette ville

Embauché immédiatement à son arrivée, c’était en 1908
Par son sérieux, ses facultés d’adaptation et d’assimilation, il faisait des merveilles.
Par la qualité du travail qu’il fournit, très vite il est propulse contremaitre en contrepartie de ses aptitudes.

Le pont suspendu de sidi m’cid est une des réalisations les plus audacieuses.
Le pont est fait sur une longueur de 164 mètres et 5,40 mètres de large

ait said

Le pont de "sidi m’cid" Constantine en construction

Les ouvriers étaient embobinés de cordes et travaillaient suspendues à des hauteurs de plus de 200 m dans le vide
La jonction entre les deux parois rocheuses de l’oued rhumel se trouve à 175 mètres de profondeur

 

La réalisation de cet ouvrage n’était pas facile.
En ce temps il n’y avait pas de moyens de levage et les ouvriers activaient enroulés à des cordons
Que dire des systèmes de sécurité…

ait said

L’ouvrage est tout de fer et de fonte, entièrement riveté, car à l’époque il n’existait pas de soudure
Très rare également les travailleurs musulmans qui y travaillaient ; et ou affectés à des travaux pénibles et dangereux
On disait même que les travaux forcés étaient accomplis par des détenus en instance de départ au bagne de Cayenne

ait said

Le pont de sidi m’cid achevé

 

C’était une merveille,
Et il est actuellement un lieu touristique
Il était le premier pont suspendu d’Afrique
Pendant la guerre, les pilotes de chasse s’amusaient à passer sous le pont avec leurs avions

Le pont est réalisé avec système haubans

ait said

Un wagonnier sur rail circule en dessous du pont
Spécialement construit pour les vérifications d’usage et à son entretien


Un livre d’or, sur la réalisation de cet ouvrage est conservé au niveau de la mairie de Constantine

Son petit fils Smail a eu l’honneur et le privilège de le compulser en 1984, lorsqu ’il avait exercé dans cette ville.

Il a relevé dans la partie des personnels ayant œuvrés, à la r éalisation du chef d’œuvre

La classification dans l’ordre suivant

Entreprise WITTE exécutrice de l’ouvrage

AMODIN Ingénieur concepteur
RABY Ingénieur en chef
BOISNIER Ingénieur en chef
SOULEYRE Ingénieur
CADREAU Ingénieur
MERCADIER Ingénieur
DUTILLEUL Conducteur
SADAOUI Contremaitre
LETREAN Contremaitre
PEYRON Contremaitre

Suivent d’autres noms ...


Se trouver en bonne place et parmi les principaux concepteurs de l’ouvrage est honorant, glorifiant
comme il donne une certaine idée de ses compétences
Paraitre meilleur que les européens à cette époque, démontre toute l’importance de son génie,
De la considération, admiration et estime qui lui étaient dues

Son inscription dans ce livre d’or, immortalise à jamais sa mémoire

 

A la fin des travaux en 1912, l’ingénieur en chef était très attaché à SADAOUI ARAB
Il lui suggéra de partir avec lui en France, ou il a d’autres projets à réaliser notamment à Paris et à Bordeaux ; et ’il serait très heureux qu’il en fasse son compagnon

Avant de se décider, il rentra au bled à Ait Saïd solliciter l’avis de son père

Il se marie avec KACHER MALHA

La première guerre mondiale éclata.
Les liaisons avec la France se font rares.

Restant au bled et craignant d’être mobilisé dans l’armée française
(Sur livraison du caïd)


Il repart sur Sétif

La, il retrouve son ancien camarade de classe M.MOSCA dont le père gérait une entreprise de ferronnerie
Il y travailla dans cette entreprise

Quelques ouvrages auxquels il a participé avant son départ vers la France

Le pont du bousselam (à l’entrée de Sétif en venant d’Alger)

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Entièrement en fer et riveté
Bien qu’il ne soit plus utilisé, construction d’un nouveau pont en raison des inondations fréquentes du premier
Ce vieux pont existe toujours

Des ponts du même type ont été également construits dans la périphérie de Sétif et dans la ville de bordj bou Arreridj


La charpente des quais de la gare de Sétif
Le haut vent de la façade d’entrée de la gare

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La gare de sétif conserve toujours cette charpente
Elle demeure un chef d’œuvre malgré son âge
Pareille infrastructure ne saurait être montée dans le temps actuel
Le haut- vent est réalisé avec un système ingénieux en fer et en bois
Il s’adapte à l’immeuble et donne un aspect charmant à la façade de la gare

Le pont de Bejaia (oued Soummam) sortie de Bejaia vers Sétif

ait said

Un pont analogue a été réalisé aussi à Sidi-aich
Le pont d’El flaye sur la Soummam

Le baraudage, et les portes extérieures de la mosquée de la ville de S étif confectionnées des mains de SADAOUI Arab

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La mosquée construite en 1884, elle a toujours conservée sa première architecture
Des extensions ont été effectuées ; mais le cachet initial est gardé et respecté

ait said

 

Il se rend par la suite en France

Déception, son ancien collègue et ingénieur en chef qu’il a côtoyé à Constantine venait de décéder

Il s’installe, et travaille à Paris à la maison Louis Renault
À l’époque c’était une entreprise privée

Dès qu’il fut embauché, ses patrons ne pouvaient plus s’en passer
Il y travailla sans discontinuité pendant 7 ans, hormis une courte pause de 20 jours pour se rendre chez lui avec célérité

Il racontait qu’à chaque fois qu’il sollicitait un congé, on s’empressa de l’augmenter en salaire et de la persuader de rester
C’était les débuts du marché de l’automobile ;
Et Renault à cette époque fabriquait surtout des chars destinée à l’armée française ; la demande étant pressante

A cette période, le droit au congé payé n’existait pas


Ressentant l’isolement de sa famille, et la longévité de son séjour parisien sans bénéficier de repos périodique, il abandonne son travail pour rentrer chez lui ; aux regrets de ses patrons

Il racontait aussi que durant tout son séjour en France ; il n’a jamais bu une goutte d’alcool, et il faisait régulièrement ses prières

L’usine ou il a exercé sept ans à Paris

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Les ateliers des usines Renault

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Entrées et sortie des travailleurs de l’usine

Chachar Renault FT 17 sur le front allemand en 1918

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Modèle de char dans lequel il participa à l’usinage et au montage


Retour au pays ;

Avec ses économies, il faisait bâtir 2 nouvelles maisons
Pour la famille
(Sa maison actuelle et celle de son frère Tahar.)
Il finança en outre pour son père l’achat de terrains de champs d’oliviers à Azaghaar

Une année plus tard, il retourna en France, en compagnie de son frère Amar

Craignant de vivre le même problème à Paris ou il travailla sans arrêt,
Ils partent tous deux, et cette fois ci pour Clermont Ferrand ; ou il trouve facilement le travail aux usines Michelin, et fait embaucher son frère.
C’était le début du pneu avec chambre à air
Il y travailla comme chef d’équipe
La, Il réussit à enrôler dans cette usine nombre de gens du village et de-là contrée

Chez Michelin, il était très estimé et respecté. Il avait été même mis à sa disposition un pavillon de l ’usine à lui tout seul.


Usines Michelin de Clermont Ferrand, France

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Nombre important de gens du village y ont travaillés


Atelier de fabrication des pneus avec ses lourdes machines

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Sortie des travailleurs de l’usine

 

Vue de la ville de Clermont- Ferrand

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Lassé de vivre éloigné de sa famille et des siens, et ne pouvant supporter le climat très froid de Clermont Ferrand, il rentre pour toujours en Algérie

 

Né à la fin du 19ième siècle vers les années 1880 au village Ait Saïd, Commune de Bouzguène, décédé en décembre 1952....

arab sadaouiUn destin hors du commun.

            Il avait fait ses premières classes à l’école d’Ait Ikhlef. Première et seule école édifiée par l’administration coloniale pour toute la région. Très tôt il se faisait remarquer par son ingéniosité, son esprit d’initiative, il touchait à tout. Avide de savoir, son oncle décida de le prendre avec lui à Sétif (l’émigration en ce temps là se faisait vers l’est algérien, principalement vers Sétif ou vers la Tunisie et non vers la France).  On l’inscrivit alors dans un centre de formation. (Très rares etaient les algériens qui étudiaient en ces temps là). 

A la fin de sa formation, il se faisait remarqué par un gros colon de la région qui lui ouvrit un atelier de ferronnerie où il se donna à fond pour sa passion : la ferronnerie d’art, la boiserie, la mécanique, presque tous les métiers. On racontait qu’il reproduisit tout ce qu’il voyait. 

Ses œuvres : 

Les clôtures en fer des jardins publics de la ville de Sétif, à commencer par Ain Fouara, ainsi que la toiture de la gare de chemin de fer actuelle. Ces réalisations portent encore  son empreinte. Bien plus, il avait participé à la construction du pont suspendu  de Constantine, seul technicien algérien parmi les français. (Le livre d’or du pont en témoigne).

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Quelques anecdotes durant son séjour à Sétif :

            Son patron l’envoie pour dépanner un fermier, en le voyant celui-ci cru à une plaisanterie de la part de son ami. Il l’appelle sur le champ en lui disant «  non seulement tu m’envoie un arabe mais en plus il s’appelle Arab. Ne te fous pas de moi, c’est une urgence et j’ai besoin d ’une compétence, l’autre lui conseille de le laisser faire le travail et si après il n’est pas satisfait, il le renvoie sans le payer A la fin celui-ci, en voyant ses prouesses, essaya de le soudoyer, pour le garder et alla même jusqu’à lui proposer une rémunération plus intéressante.

            Il quitte son atelier après avoir passé une vingtaine d’années. Depuis son départ, cet atelier n’avait plus jamais rouvert ses portes.

            Il part en France tenter sa chance. Il se présenta à l’usine Renault (construction automobile), là on ne voulait même pas le recevoir, n’ayant pas de travail pour les algériens, il insista tellement qu’il réussit à voir un responsable à qui il demanda qu’on le prenne à l’essai une quinzaine de jours et si on n’est pas satisfait de son travail, on n’a qu’à le renvoyer sans le payer. Et bien entendu il a été retenu.

 Il avait travaillé quelques temps dans cette usine mais la nostalgie et l’appel du bled étaient trop forts, il revint au pays et s’installa définitivement au village.

Un colon d’Azazga lui avait proposé de s’associer avec lui (pas seulement une simple association mais lui donne carte blanche sur tout)  pour créer un atelier à Azazga. mais rien à faire ! il voulait garder sa liberté.

Sa vie au village.

            Il créa avec un cousin, Idir Amokrane (Hadj) un véritable atelier de ferronnerie, menuiserie, construction de charpente métallique et en bois. Enfin tous les métiers.  Il avait même un atelier ambulant. Un âne pour le transport du matériel car il se déplaçait souvent et pour plusieurs jours à travers les villages de la région.

            Il s’était spécialisé dans la construction des mosquées. De la conception à la toiture, il faisait  tout, sauf la maçonnerie.

Toutes les mosquées de la région ont été son œuvre, ainsi que la plupart des constructions à Assif El Hammam du coté de Zekri,

            Toutes les charpentes, les toitures, les portes en bois ou en fer ainsi que les fenêtres de toutes les constructions du village et de ses environs on étés réalisée par ce génie.

On raconte que là où il construisit quelque chose, les gens ironisaient sur la vétusté de la mosquée de son village, alors qu’il en édifiait de très belles pour les autres. Il leur répondit toujours qu’il attend de les finir toutes pour qu’ensuite il en construirait, pour son village, la meilleure. Et ainsi vous ne pourriez plus rien faire, car elle serait incomparable. Effectivement, la mosquée de notre village est restée toujours intacte. Elle est toujours belle et rivalise encore avec les nouvelles de par son architecture.

Son drame :

il était trop gentil, généreux, toujours disponible. Il n’a jamais élevé la voix sur quelqu’un. En revanche il était estimé et très respecté par tout le monde. Il ne s’était pas enrichi, il n’avait jamais pris un sou pour la construction d’une mosquée, n’avait jamais fait payer un pauvre. Il arrivait tout juste à nourrir décemment sa famille qui était composée, avec celles de ses frères, de plus de 30 personnes.

Destin tragique :

En parallèle à ce travail d’artisan,  il s’occupait personnellement de menus travaux. Les labours, la cueillette des olives, le fauchage des foins etc. il pouvait très bien faire appel aux gens à qui il rendait service, mais non, il préférait les faire lui-même avec ses filles, ce qui lui était fatal d’ailleurs.

Il est mort noyer. En allant rejoindre son champ pour la cueillette des olives, il traversa une petite rivière, trébucha et tomba dans une mare. Juste à coté il y avait ses deux filles et de sa bru qui l’avaient précédé. Elles l’avaient vu arriver et croyaient, comme à ses habitudes, qu’il allait visiter les autres champs. Elles ne se doutaient de rien et continuaient le travaille tranquillement jusqu’à ce qu’elles arrivent au bout du champ pour enfin remarquer qu’il gisait la tête dans l’eau. Malheureusement trop de temps s’était écoulé, il n’y avait plus rien à faire. Il était déjà mort.

            On raconte que quelques temps avant sa mort, il construisit une civière car il avait remarqué les difficultés qu’il y avait à transporter un blessé ou un mort. Une bonne femme du village, en plaisant avec lui, prédisait qu’il serait le premier à l’utiliser. Et sa prédication s’était réalisée.

Epilogue

            Pendant la révolution de 1954. Lors d’une fouille des maisons, les parachutistes français, ont découvert son atelier, croyant qu’il servait aux moudjahidine, ils ont pris l’essentiel des outils et détruit le reste. Ils ont mis le feu à sa demeure en partant, elle a été sauvée de justesse.

Sa descendance :

Il avait eu un garçon et huit filles. Sa progéniture s’est tellement multipliée qu’elle dépasse aujourd’hui les 140 personnes, réparties à travers le pays, principalement en Kabylie, à Sétif, à Alger et quelques uns en Europe.

Son petit fils Abdennour

 

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